Car la nuit est si belle, si grande, si majestueuse et si imprévisible. [PV Haran Kerreg]

Ahah ! Lucky’s Wheel, ne ressens-tu pas la même chose que moi ? Ce n’est pas du bonheur, le sentiment de se sentir bien, d’être enfin sortit de ce trou. Ni même un sentiment de liberté. J’ai le sentiment d’être possédée. La nuit me possède. Elle ferait ce qu’elle veut de moi ! Je lui appartiens toute entière !

Il faisait nuit. Quelle heure était-il ? 23h00 ? Minuit ? 3h00 ? Quelle importance ? Avais-je le droit d’être là, si tard ? Sur le toit ? Mes cheveux volaient, j’avais le vent en pleine face. J’étais pied nues, seulement recouverte d’une fine robe noire. Froid ? J’avais envie d’avoir froid. Encore une de mes lubies incompréhensible. J’avais froid, j’aimais ça. Le vent était froid, la nuit était noire. Oh ! C’est vraiment ce que je préfère ! Lucky’s Wheel, oh ma belle, jamais je n’adorerais la nuit autant que toi, mais même toi, n’es-tu pas impressionée par sa puissance ? Regarde ce qu’elle fait de moi ! Un être si naïf ! Je me suis glissée hors des draps spécialement pour la voir. J’ai pris des risques en sortant, il est vraiment tard, je le sais, et c’est seulement pour l’admirer. Mais que veux-tu ? Je ne peux lui résister. Elle m’a appelé, je suis venue.

Que desires-tu maintenant ? Le simple fait qu’une fille si minime à côté de toi soit là te suffit-il ? A tes côtés, je n’ai plus rien de mon assurance ! Peut-on me reconnaître ? J’ai l’aire différente, sûrement. Même ça je le sais. Et c’est pourtant rare que je sois sûre de quelque chose ! Ah ! Je t’aime ! Je t’adore ! Je t’adule ! Y a-t-il une passion plus forte que l’adulation ? Si oui, ce serait ma déesse qui s’y placerait, là je pourrais alors dire devant tous que je t’adule. Ce que je ressens est si fort ! Si indescriptible ! Puis-je un jour ressentir cela pour un quelconque être humain ? Les Hommes entre-eux, ressentent-ils ça ? A quoi cela leur servirait ? Nous finissont par mourir. Toi, tu es immortelle au moins. Et je peux te voir tant que je suis encore là. Je ne mérite pas ça. Je ne te mérite pas. Pas toi, ni Lucky’s Wheel. Je ne vous mérite pas. Mais si vous m’appelez, je peux en profiter, non ? Est-ce égoïste ? De continuer à vous voir alors que ma mère souffre ? Est-ce égoïste ? De vouloir être la seule à vous admirer ? Mais je suis la seule qui en ai le droit ! D’un côté, vous ne parlez qu’à moi ! Parce que je suis unique. Parce que je suis mieux que les autres. Je suis mieux que n’importe quelle autre créature ! Seule moi à le droit de venir vous voir ici, aujourd’hui, à cette heure. Aujourd’hui, vous n’êtes qu’à moi !

BAM.
Qu’était-ce ? Qu’était-ce que ce bruit qui me dérangeait ? L’exaltation n’était déjà plus là. J’étais agacée.

« Bordel ! Foutu mur de mes deux ! Aah !.. »

Ah. Ah. Ah. Quelqu’un. S’il y avait une chose que je n’avais pas envie d’avoir dans mon champ de vison, c’était quelqu’un. Je n’eu même pas besoin de consulter Lucky’s Wheel, celui-là, je le détestais. Je tournais la tête pour voir de quoi avait l’air ce nouveau sur ma liste. Il était grand. Plus vieux que moi. Ça me changera de ma série similaire à mes listes de classe au moins. Je ne voyais pas grand-chose, en même temps, il faisait nuit. Et c’était justement parce qu’il faisait nuit que ça m’exaspérait autant. Il a du se prendre un mur d’après ce que j’ai entendu. Mais oui, c’est la faute du mur qui a bougé ! Tu auras sûrement l’air d’une gamine insolente, il faudra réfléchir avant de parler Charlène. Ou quoi alors ? « Ah ! Ce mur s’est mis dans ma trajectoire ! Tu es vraiment irréfléchit petit mur ! » Mais oui, parfaitement. Ne penses-tu pas plutôt que c’est toi-même qui t’es mis à ses coordonnées ? Pathétique.

« Avant que tu parles : ferme la et disparais d'ici. »

« Non. »

Charlène ? Ne t’avais-je pas dit de réfléchir ? Charlène es-tu là ? Ah ! Ce que tu peux être puérile parfois ! Ne fais pas n’importe quoi au moins.
J’entendais Lucky’s Wheel. C’est rare que je ne lui obéisse pas. Elle a l’avis suprême après tout ! Je fais une sûrement une erreur alors. Mais je n’y peux rien, il m’a l’air vraiment stupide et arrogant. Pourquoi devrais-je me taire d’abord ? Admettont que je n’avais pas l’intention de parler, c’est lui qui m’interpelle ! Et pourquoi devrais-je disparaître ? Si je le dérange, c’est lui qui n’a qu’à partir ! Je m’avançais, histoire de mieux voir de quoi il en retournait. C’est donc ce type qui me gêne dans mon extase ? Bon, oui, ça commençait à tourner vraiment au problème psychologique. Jamais ça n’avait été à ce point. Mon frère m’en avait déjà parlé, de mes tendances à « vouer des cultes pour de vulgaires choses », mais avais-je déjà été jusqu’à ce point ? Dans un sens, c’est peut-être tant mieux qu’il soit arrivé avant que ça ne se termine en immolation, mais j’ai décidé de le détester, le choix est fait, c’est trop tard.

« Je parlerais et je ne bougerais pas d’ici. »

Non, ce n’est pas de l’esprit de contradiction, ça en a l’air, je l’admets, mais c’est simplement pour l’agacer. Pas pour ne pas obéir.

« -J'aurais bien envie de te faire ravaler tes mots. Tu dois typiquement être le genre de nana qui fait toujours l'inverse de ce qu'on lui demande uniquement par esprit de contradiction. »

Raté.
Je suis peut-être le genre de fille chiante, agaçante, exécrable même. Mais qui joue l’esprit de contradiction, non. Je trouve ça stupide ; on fait quelque chose pour contredire les autres et non pas parce que nous le voulons. Moi, je fais les choses parce que j’en ai envie. J’écoute plus ou moins Lucky’s Wheel lorsque je bloque, mais c’est parce qu’ayant raison, elle peut m’aider. Mais là, je lui désobéis simplement parce que je veux agir avec lui de la même manière qu’avec toutes les autres personnes listées en « détestée ». Point. Ce n’est pas sa plus grande expérience de la vie qui va m’impressioner.
Il s’était raproché, je le voyais mieux, je ne sais pas si je pourrais le reconnaître en plein jour, mais je le voyais mieux. Ah ! Il saignait. Bien fait. Il ne faut pas accuser à tord. Je persiste à dire que ce n’est pas la faute au mur.

« A ton âge tu devrais être couchée et en train de rêver au prince charmant, pas ici pour me faire chier. Tire-toi. »

Encore raté.
Peut-être les autres, mais pas moi. Je n’ai jamais fait ça. J’ai toujours été éveillée jusqu’à point d’heure. La nuit m’affecte. Je commence d’ailleurs à croire qu’elle m’affecte trop. Je me rends bien compte que l’état dans lequel j’étais tout à l’heure était inhabituel. Oui, j’aime la nuit. Mais là, j’étais prête à me jeter corps et âmes dans un feu si j’aurais senti qu’elle le souhaitait. Mais ce n’est pas l’objet. Le prince charmant dit-il ? Si une telle personne existe, JE suis le prince charmant. Personne ne sauvera ma peau si ce n’est MOI. Personne ne pourrait. Ils sont tous bien trop aveuglé par le monde.

« A mon âge, faisais-tu vraiment ce que tu devais faire ? N’as-tu pas au moins une fois dans ta vie fait quelque chose qui t’étais interdis ? Qui t’étais nuisible si on le découvrait ? Ça ne t’est jamais arrivé ? Parce que seulement dans ce cas tu pourrais te permettre de me rappeler à l’ordre, dans le cas contraire, … Non, même si tu avais étais l’enfant parfait, je ne vois pas pourquoi je devrais suivre tes pas.
Je ne bougerai pas. »

A son air, c’était bon. Si ça ne l’était pas, ça n’allait pas tarder. Ensuite il faudrait voir si je continue ou si je m’arrête.

« Ca t'amuse d'être chiante et d'emmerder les gens ? Tu m'énerves ! »

Oui. Vraiment, vraiment beaucoup. J’ai bien fait de ne pas écouter Lucky’s Wheel. Quoique, l’avenir me réserve sûrement quelque chose de mauvais maintenant. Bah, je m’amuse vraiment bien là, je ne vais pas m’inquièter pour l’après. Il partit plus loin, cause d’une légère colision sûrement pas involontaire.

« Sérieusement, tire toi d'ici, je suis pas d'humeur à me taper une gamine chiante dans les pattes. Il me semble ne pas réclamer la lune, non ? »

Non ? C’est qu’il insiste. Je ne bougerai pas. Si je le gêne, qu’il aille ailleurs. Je peux très bien l’oublier et faire comme s’il n’était pas là. Il va pas me sortir qu’il ne peut pas, si ? Ce n’est pas dans mes habitudes de vouloir partager quelque chose, mais là, ça commençait à devenir lassant. Ce n’est pas la nuit qu’il faut que je m’occupe de détester les autres, je m’en souviendrais. Alors, je continue ? Ou pas ? Raah ! Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je devrais faire ? Et tu ne vas pas me répondre, bien évidemment. Je me tournai vers lui, allez, un dernier coup.

« Tu n’es pas d’humeur ? Tss. Comme s’il n’y avait que toi. Je n’aurais pas la prétention d’affirmer que seul moi vit des journées affreuses, mais je demanderais un minimum de respect sur le fait que tu n’es pas l’unique Homme ici à vouloir se détendre avant de reprendre ça demain.
Je ne pourrais rien dire d’autre, je ne sais pas à quoi ressemble ta vie, tu ne sais pas à quoi ressemble la mienne. Je ne peux pas juger si oui ou non tu mériterais que je t’oublie dans un coin et retourne à mon occupation première, ou si au contraire tu n’as pas de réelles raisons de vouloir absolument que je parte. Et dans le doute, dans le doute, je reste ici. »

Et après … Après j’arrête ? Oh je ne sais pas. Je n’aime pas perdre. Et si je cède, ce sera tout comme. Mais pourquoi suis-je tombé sur quelqu’un ? Je n’ai pas le droit d’être tranquille ? Vous voulez vraiment que je parte de ce monde, c’est ça ? Et c’est pour que je me jette du toit, c’est ça ? Allez vous faire voir.

Non. Je n’espère rien. Je ne veux rien changer. Oui, je suis une gamine, je suis plus pitoyable qu’aure chose, mais ça non plus, je ne veux pas le changer. Ah. J’assume pas. D’accord. C’est vrai qu’en fait … Oui. Probablement. J’aurais appris quelque chose avec lui. Il est utile alors, plus que tous les psys que j’ai pu avoir. D’accord. D’accord.

Je doute. Cet abruti me fait douter. Je doute facilement, trop facilement. Oh, Lucky’s Wheel ! Pourquoi ne t’ai-je pas écoutée ? Et je ne veux pas partir. Je ne peux pas partir. Je ne me remettrais jamais de l’avoir laissé me perturber avec quelques phrases si je pars. Je voulais arrêter. J’aurais du arrêter.
Il faisait peur. Non. C’était autre chose. Déstabilisant. Vraiment, déstabilisant.

« Si t'as besoin de solitude et d'être tranquille, c'est pas ici que tu la trouveras. Tu peux avoir eu une journée pourrie ça ne me regarde pas, et la terminer en beauté est le cadet de mes soucis. »

Solitude ? Tranquillité ? Mais qu’est-ce que je veux aussi ? Journée pourrie ? Etait-elle si affreuse ? Juste une journée de plus en ce monde. J’ai envie de sauter. Il me prend la tête. Me fait douter. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais plus. Si je parle, ce sera encore une erreur. Si je me tais, si je me tais, oh je ne sais pas ! J’ai envie de sauter. Qu’est-ce que je devrais faire ? Qu’est-ce que je suis sensée faire ? Qu’est-ce que j’ai toujours fait ? Je continuais. Je continuais jusqu’à la mort psychologique de l’autre ou de moi. J’ai envie de sauter. Mais ce n’était pas les mêmes situations. Mes précédentes victimes avaient toutes un point faible. Je les connaissais, j’étais au courant de leur histoire, je pouvais retourner leurs erreurs contre eux. Mais là … là … je ne suis plus rien. J’utilise les autres contre eux-mêmes ? Je ne suis même pas fichue de me débrouiller seule ? Je suis lâche. Stupide. Je suis une gamine.

« Je .. ! Je … »

Non. Il se fiche de mon opinion. A quoi cela servirait-il si je commentais à son adresse ses dernières phrases ? A quoi cela servirait-il que je lui fasse remarquer que je ne parlais pas spécifiquement de moi ? A la fin, oui. Au départ, je ne disais pas ça. Cela pouvait être sous-entendu ; la plupart des gens comprennent ainsi, mais je ne visais pas ça. Ou alors je n’assume pas. Ce qui est sûr ici c’est que je doute violemment.

« Tu t’en fous. Ce que j’ai dit, ce que je dis, ce que je pourrais dire. Ça n’a absolument pas d’importance pour toi. La meilleure chose que j’aurai à faire, c’est de partir. Je le sais. Pourtant je ne le fais pas. Je ne le ferais pas. Je ne peux pas. Je ne pourrais pas. »

Je me posais. Ça ne sert strictement à rien. Disons qu’il me faut le dire à voix haute pour m’en assurer. Etre sûre de ça au moins.

« Pourquoi alors ? La question que l’on m’a toujours posée. Une question qui me hante. Ici, parce que je suis comme ça. Même si au fond de moi je veux me taire, céder, stopper ce flot de mots, partir, mon corps m’en empêche. Pourquoi ? Parce que si je bougeais ce serait pour m’éclater en bas. Tenter une fois encore de partir, mais pas seulement de ce toit. »

Je pouffais un coup. Blasée. Démoralisée. Indécise. Je ne sais pas exactement.

« J’aurais encore à dire, mais je sais très bine qu’on ne m’écoute pas, que je ne suis qu’un fond sonore infernal et que m’arrêter serait déjà un grand pas. M’enfin, ça ne sert à rien, je ne sers à rien. Je ne suis qu’un être stupide. »

Je me laissais tomber, m’asseyant en tailleur. Encore des questions me venaient à l’esprit. Et une expression ; osef.

« En tout les cas ; je suis vraiment bien là. »

Pourquoi persistai-je ? Pourquoi est-ce que je me sens obligée d’insister ? Et avec mes paroles de plus en plus longues, ça ne doit pas arranger les choses. Mais pourquoi est-ce que je ne m’arrête pas pour une fois ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?